Nous souhaitons dédier notre tout premier article en hommage à Stéphane Hessel, qui a consacré sa vie en faveur des plus démunis.
Né en Allemagne en 1917, Stéphane Hessel arrive en France à l’âge de 8 ans. Naturalisé français en 1937, normalien, il rejoint les Forces françaises libres, en 1941, à Londres. Résistant, il est arrêté et déporté à Buchenwald, qu’il parvient à quitter vivant grâce à une substitution d’identité avec un prisonnier mort du typhus, puis s’évade lors de son transfert du camp de Dora à celui de Bergen-Belsen.
Il entre au Quai d’Orsay en 1945, et fait une partie de sa carrière diplomatique auprès des Nations unies. Homme de gauche et européen convaincu, il est ami de Pierre Mendès France et de Michel Rocard.
Stéphane Hessel est connu du grand public pour ses prises de position concernant les droits de l’homme, la question des « sans-papiers » et le conflit israélo-palestinien, ainsi que pour son manifeste Indignez-vous ! paru en 2010, qui connut un succès international.
Il fonda l’Aftam (ancien nom de Coallia) en 1962.
« Je me souviens de la fondation de l’Aftam (ancien nom de Coallia).
J’étais à l’époque directeur au ministère de l’Éducation, un poste inattendu pour un diplomate comme moi. Il s’agissait, essentiellement, de s’intéresser à l’accueil des « gens du fleuve » (Mali, Mauritanie, Sénégal). À cette époque, les migrations africaines avaient un caractère transitoire. L’un de nos objectifs était de permettre aux Africains de rentrer chez eux avec une formation adaptée à une insertion durable dans leur pays d’origine.
Aujourd’hui, les publics de l’Aftam ont beaucoup évolué. Les migrants sont toujours là. Ils côtoient maintenant les demandeurs d’asile, les personnes en situation de rupture sociale, les familles en détresse, les exclus.
L’Aftam a aussi fait une place aux personnes âgées dépendantes et aux personnes handicapées.
Ce pourrait être moi, vous ou l’un de vos proches. Personne ne peut se croire à l’abri des accidents de la vie.
Ces publics, l’Aftam les accueille, les accompagne et leur propose, comme elle l’a fait pour les travailleurs migrants, une place dans la société, ou plutôt une voie : celle de l’insertion. C’est bien dans cet esprit d’accueil, d’ouverture, d’entraide et, osons le mot, d’humanisme, que nous avions créé, il y a cinquante ans, l’Aftam.
La petite association de 1962 a ouvert ses portes et son horizon. Elle est aujourd’hui riche de toutes ces histoires individuelles, ces parcours, ces destins qu’elle a suivis, accueillis, lancés, aidés. Je suis fier d’avoir participé à cette aventure.
À l’heure de son cinquantième anniversaire, je lui souhaite bon vent. Je ne doute pas qu’elle aura les capacités, l’imagination et l’audace d’innover, de se renouveler pour faire face aux défis du xxie siècle. »
Stéphane Hessel
Président fondateur de Coallia